Un article : Questions fréquentes concernant l’utilisation des CAA dans la prise en charge précoce
Christine Marvin est professeur à l'université du Nebraska-Lincoln. Elle est aussi orthophoniste et travaille sur les effets du contexte sur le développement de la communication des jeunes enfants et ses implications sur la prise en charge précoce.
Dans cet article paru en 2003, les deux auteurs expliquent que les systèmes CAA incluent aussi bien les outils physiques (images, synthèse vocales,…) que les gestes manuels ou encore, les adaptations des comportements de l’interlocuteur. Ils sont parfois utilisés sans le savoir mais peuvent aussi être exploités volontairement et ce, dès la naissance de l’enfant pour stimuler sa communication et éviter que les difficultés communicatives s’installent et en particulier, altèrent sa parole.
Selon les auteurs, il est important que les parents et les professionnels aient la capacité d’identifier les comportements communicatifs de l’enfant afin de les stimuler et d’aider leur développement. Les parents et les professionnels peuvent apprendre à adapter leurs comportements pour augmenter la communication de l’enfant : l'adaptation sociale est donc une forme de CAA.
Cet article est important car il va à l’encontre des apriori en ce qui concerne l'utilisation des CAA et qui ont pu avoir des effets négatifs sur le développement de l’enfant susceptible de présenter un trouble de la communication dû à une déficience sensorielle, motrice et/ou cognitive. Ces apriori sont encore trop présents : on entend ainsi encore souvent "si mon enfant utilise un CAA, il n'apprendra pas à parler".
En se basant sur une revue de la littérature, les auteurs donnent des arguments et des indications notamment pour :
- une utilisation des CAA dès les premières interactions avec l’enfant, sans attendre aucun pré-requis ;
- le fait que les CAA n’interfèrent pas avec le développement de la parole mais au contraire : facilitent l’acquisition du langage parlé en facilitant l’interaction et les compétences langagières. De plus, on ne peut pas savoir apriori si un enfant va parler ou pas. Il ne faut pas attendre de se rendre compte qu’il n’arrive pas à parler pour lui donner un moyen de communiquer ;
- un apprentissage du vocabulaire basé sur l’usage (e.g. ne pas attendre d’être sur que l’enfant comprenne pour lui apprendre).
Les auteurs expliquent aussi pourquoi l’enfant peut utiliser un CAA de manière non adaptée parfois et pourquoi il faut le laisser expérimenter le système. Ainsi, cet article fournit de nombreuses réponses à des questions très communes en ce qui concerne les troubles de la communication chez l’enfant et oriente les parents et les professionnels vers une approche pragmatique du trouble potentiel ou avéré.
Relativement à nos propres échanges avec les parents d'enfants avec Trisomie 21 lors de nos interventions, on peut se demander comment aider les parents à avoir confiance, surtout quand leur enfant leur donne l'impression de s'enfermer dans un mode de communication alternatif à la parole ou de régresser. C'est une question que les chercheurs devront aborder.
Référence complète :
CRESS, Cynthia J. et MARVIN, Christine A. Common questions about AAC services in early intervention. Augmentative and Alternative Communication, 2003, vol. 19, no 4, p. 254-272.
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