Trisomie 21 : Stratégies de communication multimodale lors d’une prise en charge orthophonique de groupe. Etude de groupe et de cas multiples chez des enfants âgés de 4 à 6 ans.

Zoé Caruana, étudiante de l'Université de Franche-Comté – UFR SMP – Orthophonie, a réalisé son mémoire de fin d'études sous notre direction. Dans ce travail, nous nous sommes intéressées aux stratégies communicatives multimodales des enfants avec T21 en situation d’interaction avec des pairs (autres enfants) et avec deux orthophonistes lors d’un groupe de communication et de langage. A cette fin, Zoé a analysé des enregistrements vidéo de quatre petites filles âgées entre 5 et 6 ans pendant leurs séances d'orthophonie de groupe.

Objectif

L'objectif de ce travail était de caractériser les comportements verbaux et gestuels communicatifs de trois petites filles avec trisomie 21 et d'une autre enfant avec un retard de développement lié à une autre cause que la T21. Cette approche est importante car très peu de recherches ont été spécifiquement dédiées à la manière dont les enfants avec trisomie 21 communiquent entre eux et, en particulier, à la manière dont ils utilisent les gestes manuels à cette fin. Nous nous intéressons aussi à l'apport que pourrait avoir l'utilisation d'enregistrements vidéo pour le suivi de ces enfants et en particulier pour la prise en charge orthophonique (pour identifier leurs difficultés, suivre leurs progrès etc.).

Méthode

Le corpus de données consistait en des vidéos enregistrées par Amélie et Marion en collaboration avec les professionnels de l'ARIST. Zoé a tout d'abord adapté la grille d'annotation, c'est-à-dire les règles et les classifications qui permettent de caractériser les comportements verbaux ou gestuels des participants. Elle a ensuite annoté les comportements des enfants et des orthophonistes. Pour cela, elle a utilisé le logiciel ELAN. On voit un exemple d'écran de ce logiciel ci-dessous. Nous montrons seulement les silhouettes des personnes afin de préserver leur anonymat, les prénoms ont aussi été modifiés.

Sur cette figure, on voit deux vues de la pièce obtenues par deux caméras lors de la première séance. Pour les séances suivantes, nous avions ensuite 4 caméras, ce qui permettait une meilleure couverture de la pièce et de maximiser la visibilité de toutes les personnes. En dessous de l'image, les lignes représentent les annotations des comportements. On note, par exemple, les intervalles de temps où chaque personne a parlé, les débuts et les fins des gestes qu'elle a produits. Ensuite, on précise ce que la personne a dit, ou quel type de gestes elle a fait (cf. pointage, Makaton etc)

Sur la base de ces annotations, on peut quantifier les comportements de chaque personne, par exemple : combien de temps cette personne a parlé ou fait des gestes communicatifs. Sur la figure ci-dessous, on voit que les orthophonistes passent en moyenne environ 40% du temps à parler et 20% du temps à gestualiser. Globalement, les enfants passent moins de temps à parler que les orthophonistes et elles passent plus de temps à gestualiser qu'à parler. E4, l'enfant sans trisomie 21, parle en moyenne plus que ses camarades avec trisomie 21.

Zoé a aussi analysé le type de gestes produits par les orthophonistes et par chacune des enfants ainsi que leur relation à la parole. Un résultat important, qu'on peut voir sur la figure ci-dessous, est que les orthophonistes utilisent le gestes pour ajouter une information à la parole ou pour donner la même information que la parole alors que les enfants utilisent le geste pour remplacer la parole ou ajouter une information. C'est particulièrement le cas de l'enfant E2 qui ne parlait presque pas : le geste lui fournissait une alternative pour s'exprimer.

Zoé soutiendra son mémoire le 1 juillet 2016. Nous espérons pouvoir reprendre rapidement ce travail afin de publier les résultats de manière plus précise.